Comment l’État français pourrait financer l’AKP ?

Comment l’État français pourrait financer l’AKP ?

REUTERS/Eric Feferberg/Pool

Il n’y a aujourd’hui plus de doute sur l’origine du parti turc Egalité et Justice (PEJ). D’ailleurs, cette dénomination ne fait-elle pas allusion au parti d’Erdogan : Justice et Développement (AKP) ? L’organisation, guidée par Ankara, part à l’assaut de la France.

C’est quoi, le PEJ ?

Ce micro parti est le dernier né des outils de propagande turque sur le sol français. Il va entamer, en ce mois de juin sa deuxième campagne électorale, celle des législatives. Deux ans auparavant, le parti se lançait dans la bataille des départementales dans l’Est de la France.

Inutile d’entreprendre de lourdes recherches pour comprendre l’origine de ce parti, fondé en janvier 2015. Le Monde, l’Obs ou L’Express se sont chargés d’en faire le portrait. Ses cadres sont pour la plupart issus de la COJEP (Conseil pour la Justice, l’égalité et la Paix), proche de l’AKP. Curieux paradoxe que d’y retrouver, une fois de plus le mot « justice » lorsque l’on connait l’aversion d’Erdogan pour ce concept.

La COJEP n’est nul autre que l’un des bras armés des mouvements nationalistes turcs en France. Si avant 2015, cette organisation présentait des candidats de la diaspora turque dans les partis politiques français traditionnels (Parti socialiste, EELV…), désormais, la stratégie a changé. Sa nouvelle façade, le PEJ, se veut être un parti politique « indépendant », qui présente ses propres candidats.

52 candidats aux élections législatives

Le site internet du PEJ annonce 52 investitures dans 28 départements. D’autres sources évoquent 68 candidatures. Il n’était pas possible, à 11 jours du premier tour, de trouver la liste complète de ses candidats sur le site du PEJ. Ceux-ci seront investis, sans surprise, dans des circonscriptions à forte communautés turques, notamment dans l’Est de la France.  Si la probabilité de voir un candidat PEJ devenir député est très faible, en revanche l’enracinement de ce parti politique est à redouter.

L’Etat français pourrait financer ce parti turc

Les règles de financement de la vie politique française sont établies par la loi du 11 mars 1988. En vertu de ce texte, l’aide est attribuée « aux partis et groupements politiques qui ont présenté lors du plus récent renouvellement de l’Assemblée nationale des candidats ayant obtenu chacun au moins 1 % des suffrages exprimés dans au moins cinquante circonscriptions ». Ainsi, en 2013, le montant global versé aux partis et formations politiques de métropole et d’outre-mer s’est élevé à 70 083 332,15 €.

Seuls les partis ayant fait une demande auprès du ministère de l’intérieur peuvent prétendre à cette aide. Force est de constater que l’Etat français a accepté que le PEJ, vitrine de l’AKP en France, puisse bénéficier de ce financement. Il figure parmi la liste des partis pouvant bénéficier de l’aide. Extrait Journal officiel 11 mai 2017.

Il suffira au PEJ d’obtenir 1% des suffrages dans 50 circonscriptions pour que l’Etat finance ce parti politique. Un cas de figure difficilement atteignable, mais pas impossible. A titre indicatif, selon une note du Site officiel du Sénat, chaque voix obtenue par un candidat rapporte à son parti de rattachement environ 1,70 € par an, pendant cinq ans.

Une manne financière non négligeable que pourrait obtenir le PEJ, pour continuer la propagande nationaliste, panturquiste et négationniste, aux frais du contribuable.

NB : A titre d’exemple, le parti de Nicolas Dupont Aignan, peu représenté à l’Assemblée Nationale (2 sièges) a obtenu près de 300 000 euros suite aux élections législatives de 2012.

SH