A toi, Dikran Chahmirian

A toi, Dikran Chahmirian

Cette matinée du 16 septembre 2023, la pluie frappe les fenêtres et le sol malgré la sécheresse en vigueur ; il n’a pas plu depuis des semaines chez nous à Marseille. Comme si cette pluie infernale était annonciatrice de mauvais présage. Et en effet, lorsque j’apprends la nouvelle, terrible, brutale, je ne peux m’empêcher de penser que cette pluie est un hommage pour toi. Enguer Dikran, « camarade Dikran », toi qui as accompagné les camps, les congrès et toutes les actions du Nor Seround pendant des années et des années. 

Toi qui as vu passer et grandir des générations de militants de la Cause arménienne. Toi qui as traversé tout ce temps, à nos côtés toujours. Je t’ai rencontré au Liban en 2013 dès mes débuts au Nor Seround. Tu assurais depuis tout ce temps le lien entre le Comité Central de la FRA, dont tu étais membre depuis toujours, et le Bureau National du Nor Seround. 

Pendant mes six années au Bureau National du Nor Seround, tu nous as accompagnés, tu nous as conseillés, fidèlement et avec une bonté indescriptible. Pour nous, tu étais éternellement jeune ; tu avais cette faculté à comprendre la jeunesse comme personne. Tu disais à tous les autres camarades du parti « c’est notre jeunesse, prenons en soin ». Tu étais pour nous un exemple d’engagement à suivre, un exemple de dévouement à la Cause arménienne, à la jeunesse et à notre parti. 

En 2013 au Liban lors d’un voyage organisé par des camarades, j’ai l’occasion de te rencontrer pour la première fois comme je le disais plus haut. C’est toi qui me donnes l’envie de participer aux camps du Nor Seround. C’est toi qui as permis que je m’engage comme je le fais depuis dix ans. C’est toi qui nous as montré la voie, toi que nous avons pris pour exemple d’engagement. Puis en 2014, j’ai eu une nouvelle fois l’occasion de me rendre compte de ta valeur, à l’occasion du camp du Nor Seround de Chypre. Tu savais être gentil, drôle et sévère quand il le fallait face aux bêtises de nos jeunes camarades.

En 2016 après une année d’interruption du Camp, tu es de retour à nos côtés pour le Camp du Nor Seround de Cap Breton. Je suis dirigeant pour la première fois, je me réfère à toi pour tout. Là encore, tu es mon repère, notre repère à tous. Quand tu es là, il ne peut pas nous arriver grand chose, car tu as l’expérience et le vécu nécessaire pour gérer chaque situation sereinement. C’en est même inspirant.

En 2017, nous passons l’été en Arménie ; le Camp du Nor’s est basé dans le village de Broshyan à une demie-heure d’Erevan. Nous nous rendons en Artsakh pendant quelques jours : là encore, rien ne peut nous arriver, nous sommes avec toi. Nous partons à l’aventure, sereinement. J’y découvre les terres ancestrales artsakhiotes, Chouchi, Stepanakert. J’y rencontre nos camarades du AEM, organisation de la jeunesse du parti en Artsakh, dont Artak Ishkhanian. Ce valeureux camarade a perdu la vie pendant la guerre des 44 jours en octobre 2020 et j’ai eu la chance de le côtoyer grâce au Nor Seround et à toi.

En 2018, nous nous retrouvons encore pour de nouvelles aventures. En Espagne cette fois-ci. Les années passent mais tu es toujours là. Nos jeunes camarades norseroundagans enchainent les bêtises et les blagues. Tu gardes le sourire, toujours. Même lorsqu’en 2020 au Camp du Nor’s en France, nous devons être isolés à cause du Covid. Tu restes avec nous, solide comme un roc. Je me rappelle aussi de toutes nos parties de tavlou ; j’essayais de battre le Maitre en personne mais je n’y arrivais pas et ça te faisait bien rire.

Je pourrai raconter des dizaines et des dizaines d’anecdotes à ton sujet. Tu étais pour nous immortel, intemporel. Tu avais côtoyé mes parents dans votre jeunesse dans les camps puis tu as été un père pour nous pendant toutes ces années.

Peu de personnes le savent tant tu étais discret, mais tu n’hésites pas à t’engager dans les bataillons de la F.R.A. en 2016 lors de la « guerre des 4 jours ». Ta fidélité, ton dévouement envers le peuple arménien étaient inconditionnels. Tu as pensé et agi pour l’Arménie et l’Artsakh à chaque instant de ta vie, jusqu’à ton dernier souffle.

Tu nous as accompagnés et tu as veillé sur nous à chaque instant. Tu étais pour nous tous un père, un ami, un exemple. Nous ne sommes pas près de t’oublier. Chaque instant passé avec toi reste et restera gravé dans ma mémoire à jamais. Tu es parti trop tôt, trop prématurément. J’aurais aimé pouvoir discuter avec toi une toute dernière fois, t’entendre me raconter tes souvenirs. Je sais que tu veilleras sur nous encore de là haut, comme tu l’as toujours fait. Tu as ma reconnaissance éternelle mon camarade. Repose en paix parmi les étoiles. 

Un camarade