Bagarre au Parlement : les limites de la démocratie arménienne

Edito

Nous, jeunes militants arméniens de France, suivons de très près l’actualité politique en Arménie et nous sommes aujourd’hui très inquiets quant aux développements récents en Arménie et en Artsakh. 

Tout d’abord, en Arménie, le mouvement du Premier ministre Nikol Pachinian, qui incarnait une ouverture d’esprit et inspirait l’espoir d’un état de droit et la promesse d’une évolution positive et plus démocratique, prend une direction préoccupante. Malgré une volonté politique de lutter contre la corruption qui gangrénait l’Arménie depuis des dizaines d’années, la politique du Premier ministre a montré ses limites ces derniers jours par des évènements qui mettent en danger une démocratie assez fragile.

Plusieurs actes et propos inappropriés par la majorité au pouvoir sont restés dans l’impunité la plus totale et donnent une impression d’irresponsabilité politique. Aucun mandat n’a en effet été remis en question, face aux atteintes sexistes et physiques ainsi qu’aux menaces de morts proférées. 

Ces évènements graves sont inquiétants, alarmants et il est nécessaire de les condamner : 

  1. Les propos de caractère sexistes prononcés par le Vice-président du Parlement Alen Simonyan (Im Kayl) à l’encontre de la députée d’opposition Ani Samsonyan (Lousavor Hayasdan) le 28/4/2020. 
  2. Le lendemain, ce même Alen Simonyan, toujours Vice-Président de l’Assemblée, en vient aux mains dans la rue contre un opposant politique par lequel il s’est senti injurié. 
  3. L’agression physique en plein milieu du Parlement et les menaces de mort de Sassoun Mikayelian (du groupe de la majorité Im Kayle) à l’encontre d’Edmond Maroukyan président du groupe d’opposition Lousavor Hayasdan , 3ème groupe politique au sein du Parlement.

La révolution de velours aurait laissé présager une direction plus démocratique de la vie politique en Arménie. La démocratie, c’est aussi accepter des critiques, c’est aussi la phrase de Voltaire “je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire”. 

Il serait bon de le rappeler aux députés de la majorité parlementaire, au Vice-Président de l’Assemblée nationale d’Arménie qui a un poste assorti d’un caractère d’exemplarité ainsi qu’au Premier ministre qui n’hésite pas à ajouter de la tension à une vie politique déjà assez tendue. 

Plus grave encore, par ces lignes nous faisons part de notre très vive inquiétude et notre opposition ferme à toute sorte de concessions territoriales en Artsakh qui seraient sur la table des négociations d’après le Ministre des affaires étrangères russe, Sergei Lavrov (en son annonce du 22 avril). Nous rappelons ce qui est une évidence : l’intégralité territoriale de l’Artsakh est une ligne rouge pour nous, et nous ne sommes non pas dans une position de volonté de rendre des terres mais dans celle de réclamer celles qui nous reviennent de droit à savoir la partie nord de l’Artsakh, dont la région de Shahumyan et de Kedashen, sous occupation azérie.

Tous ces points sont très inquiétants et cette situation alarmante doit cesser dans les plus brefs délais.