Le Projet Yerguir à travers le témoignage d’une participante


J’ai participé pour la première fois cette année au projet Yerguir du Nor Seround qui se tenait en Arménie à Armavir du 6 au 17 août 2018.

Je connaissais et suivais le projet depuis plusieurs années par le biais des réseaux sociaux et je savais que son action était principalement destinée aux enfants et aux jeunes d’Arménie.  

Je savais également qu’après deux voyages en Arménie en tant que simple  touriste, je ne voulais pas y retourner sans faire quelque chose d’utile et donner un peu de ma personne à ce pays dans les difficultés qu’on lui connaît. 

Entre ce souhait de faire un voyage « engagé » et le fait que l’action du projet Yerguir est destinée aux enfants, je me suis décidée à postuler pour faire partie de l’équipe de bénévoles devant animer le camp cet été. J’ai notamment pu le faire car le projet a été ouvert cette année aux non Nor Seroundagan ce qui m’a permis d’y participer, n’étant pas membre de l’association.

Je tiens à dire d’emblée que grâce au projet Yerguir du Nor Seround j’ai vécu une expérience inoubliable qui m’a fait grandir en tant qu’Arménienne de diaspora et qui m’a attachée d’autant plus à mon pays d’origine.

L’objectif du projet Yerguir est de faire se rencontrer la jeunesse d’Arménie (Artsakh inclus) et de la diaspora et de renforcer leurs liens. Mais aussi, et peut-être même surtout, de donner des perspectives d’espoir et de foi en l’avenir à des enfants qui sont souvent confrontés à des réalités difficiles – comme la pauvreté, la disparition d’un père ou d’un frère en Artsakh, ou encore la séparation de familles due à l’émigration massive –  en leur montrant que la diaspora est à leurs côtés et les soutient. 

Sur les deux semaines de camp à Armavir, nous avons accueilli près de 120 enfants âgés de 6 à 17 ans, venant d’Armavir même ou des villages environnants. 

Avec les adolescents de 14 à 17 ans dont j’avais la charge, nous commencions chaque journée par un exposé-débat, chaque jour sur un sujet différent : un exposé sur l’Histoire, un échange sur la diaspora ou encore sur la parité femmes-hommes. 

L’objectif de ces prises de parole était d’insuffler ou en tout cas d’entretenir et de renforcer l’amour de ces enfants pour leur patrie, et en même temps de les ouvrir vers l’extérieur, d’échanger avec eux sur des sujets soit dont ils n’ont pas l’habitude, soit de les confronter à un autre regard ; d’enrichir leurs capacités de projection et de réflexion, justement par un échange avec des jeunes venus d’ailleurs.

Au-delà de ces temps d’échanges, nous apprenions aux enfants des différentes classes d’âge des chants et des danses, notamment en vue d’un « hantess » qui avait lieu le dernier jour du camp devant les parents venus spécialement pour y assister.

Les journées se clôturaient par différents types de jeux et de sports comme le volley, le football, le basket, ou encore la variante arménienne de la balle au prisonnier.

Un temps fort de la journée était celui du déjeuner. Tous les jours où s’est tenu le camp, les enfants ont pu bénéficier d’un repas équilibré, préparé sur place, avec des légumes, des féculents et de la viande, et la distribution d’une gourmandise comme un fruit ou un biscuit.

En tout, 1200 repas ont été distribués sur les 10 jours de camp et cela seulement à Armavir, puisqu’un autre camp d’été se déroulait pratiquement en même temps en Artsakh, dans le village frontalier de Marduni.

Il est important de préciser que les repas du midi étaient très attendus, dans la mesure où une partie des enfants venaient de milieux défavorisés. Ces repas constituaient une occasion assez inespérée pour eux de bénéficier de repas complets et en quantité suffisante. 

Si je devais résumer ces deux semaines en quelques lignes, je dirais  que grâce à la générosité des donateurs et aux bénévoles du projet Yerguir, ces enfants ont pu à la fois se divertir, à travers des jeux et des activités ludiques, mais également enrichir leurs connaissances culturelles et historiques.

Cet enrichissement s’effectue d’ailleurs dans les deux sens. Nous, en tant que jeunes bénévoles, nous leur donnons de notre temps, nous leur apportons des connaissances, mais nous aussi nous apprenons également beaucoup d’eux. Et je pense même pouvoir dire qu’humainement, c’est nous, les bénévoles de la diaspora, qui apprenons et grandissons davantage avec eux et par eux, au regard de la force des émotions et des rencontres qui marquent l’expérience.

Personnellement j’ai été frappée de la maturité et de la pertinence des réflexions des jeunes de 14-16 ans sur des sujets politiques ou économiques. Les temps de pause ou les rencontres avec les plus âgés en-dehors des horaires du camp étaient des moments très précieux parce que c’est là où nous apprenions vraiment à connaître leur vie, à connaître leur histoire, personnelle ou familiale, et nous leur en sommes d’autant plus attachés. 

Bien sûr, nous n’échangions pas seulement sur des sujets sérieux. Grâce à mes « badanis » j’ai pu découvrir  mes deux chansons préférées à mon retour d’Arménie, « Hay Katch Zinvor » (Arthur Yeritsyan) et « Im Ashrakh Ek » d’Erik Karapetyan. Et en échange j’ai pu leur expliquer ce que signifiaient la chanson « Papaoutai » de Stromaé et La Bohème d’Aznavour.

Je souhaite clôturer ce témoignage en remerciant les donateurs qui font vivre le projet, parce que j’ai vu toute la joie et l’espoir que le projet apporte aux enfants sur place. Le second camp d’été du projet Yerguir avait lieu en Artsakh, à Marduni, qui est un village frontalier avec l’Azerbaïdjan. Ce que le projet Yerguir apporte sur place est tout simplement inespéré. 

Je souhaite également remercier le Nor Seround pour m’avoir permis de participer au projet Yerguir et pour son très bon accueil. Enfin j’encourage tous les jeunes de la diaspora qui le peuvent et le souhaitent à participer à ce projet qui les fera grandir à la fois en tant qu’être humain et en tant qu’Arménien de diaspora. 

J’ai été très heureuse de participer pour la première fois cette année au Projet Yerguir du Nor Seround. C’est une expérience inoubliable qui m’a fait grandir tant humainement qu’en tant qu’Arménienne de diaspora.

Témoignage de Méliné Matossian