Maison des Étudiants Arméniens : halte à l’oppression !

Maison des Étudiants Arméniens : halte à l’oppression !

Récemment, via les réseaux sociaux nous avons été pour la plupart intrigués par une banderole, installée sur la façade de la Maison des Étudiants Arméniens à Paris, sur laquelle on pouvait lire : « On a été viré. Au secours la cité. »

Tout naturellement, cet évènement suscite un grand nombre d’interrogations voire même une certaine confusion puisque ce petit pavillon où séjournent 70 étudiants donnait jusqu’alors l’impression qu’il régnait en son sein une vie parfaitement paisible. Cependant, la réalité est tout autre et elle dure depuis plus de 2 ans, précisément depuis l’arrivée de Mme Anna Leyloyan à la direction de la Maison en septembre 2015.

En tant qu’ancien résident de cette Maison, je souhaite à travers cet article répondre humblement à ces interrogations.

Permettez-moi de vous raconter brièvement mon séjour de 2 ans dans cette Maison et de vous présenter l’atmosphère qui y régnait. En avril 2015, j’ai le privilège d’être admis à la Maison des Étudiants Arméniens. Plein d’enthousiasme, je me sens fier d’intégrer un des hauts lieux de la nation arménienne se trouvant à Paris. La Maison des Étudiants Arméniens a été fondée en 1930 par Boghos Nubar Pacha afin de favoriser, à la suite du Génocide de 1915, l’émergence d’une nouvelle élite pour le peuple arménien. De grandes figures de la nation arménienne comme Komitas Vartabed, pour ne citer que lui, ont vécu dans cette Maison.

Dès les premiers jours, l’établissement est à la hauteur de sa réputation, à savoir un lieu d’échanges et de partages socioculturels qui mêlent des étudiants arméniens du monde entier à des étudiants français, argentins, espagnols, syriens, chinois…Le lieu privilégié où tout le monde se rassemblait était la cuisine. Les discussions étaient aussi diverses que passionnantes et se faisaient dans toutes les langues (arménien, français, anglais, arabe…). Le nouveau venu se rendait rapidement compte qu’il était dans un lieu d’une grande richesse humaine, intellectuelle et culturelle où les étudiants semblaient heureux et épanouis.

En septembre 2015, la direction change et Mme Anna Leyloyan prend la tête de la Maison des Étudiants Arméniens. Dès le début, elle entend imposer un style qui paraît austère et autoritaire au vu de tous : plus aucun bruit après 23h, plus de soirées conviviales. Elle devient peu à peu la seule à décider de tout. Mais les étudiants décident de ne pas s’en plaindre et se conforment à cette nouvelle direction. En revanche, les tensions s’installent lorsque le climat devient de plus en plus oppressant pour les résidents, en raison d’une attitude irrespectueuse et antipathique de la part de la Directrice. Elle se permet de tenir des propos déplacés à l’égard de certains, elle remet en question leur éducation en les traitant régulièrement d’«anshnorhkner», elle use de son autorité et fait preuve d’une attitude vindicative. Elle n’hésite pas à affirmer aux résidents qui osent s’opposer à ses propos qu’ils ne seront pas réadmis l’année suivante, ce qui est appliqué. Elle fait également preuve d’abus de pouvoir et de népotisme, notamment en nommant sa fille comme responsable de la communication de la Maison ce qui lui accorde le droit de se mêler du groupe de conversation privé des résidents. Elle veut contrôler et superviser tout ce qui y entre, tout ce qui sort et tout ce qui se passe dans la Maison, donnant même l’impression d’une ingérence dans la vie privée des résidents… De telle sorte qu’il devenait préférable de l’éviter pour ne pas subir des remarques ou des remontrances.

La liste des griefs pourrait être encore longue. Je me permets simplement d’énumérer ces quelques exemples afin de légitimer mes propos. Par ailleurs, je ne veux garder en mémoire de Mme Leyloyan, que ses compétences en tant que spécialiste en histoire de l’art et de l’architecture arméniens. Elle a certainement toute sa place à l’université mais difficilement, me semble-t-il, à la tête d’une résidence étudiante, qui plus est, la Maison des Étudiants Arméniens, censée être un havre de paix où de futurs cadres de la communauté doivent pouvoir s’épanouir. Je n’ai aucun plaisir à tenir un tel discours mais il n’a jamais été dans mes principes de rester silencieux face à des injustices, notamment lorsqu’il s’agit d’un lieu comme la Maison d’Arménie qui me tient particulièrement à cœur.

En juin 2017, je quitte la Maison. Apparemment, l’ambiance continue de se détériorer. Dans la pétition demandant la démission de la directrice signée en mai 2018 par 42 résidents actuels (ils représentent plus de la moitié des résidents) et 27 anciens résidents, on s’aperçoit que l’attitude de Mme Leyloyan est devenue intolérable et que son autoritarisme dépasse l’entendement. Et voilà qu’un mois après, 15 résidents tous signataires, se voient refuser leur réadmission pour l’année universitaire 2018-2019. La banderole récemment affichée est le fruit de leur contestation. Il faut savoir que chaque année une demande de réadmission doit être effectuée par les résidents, qui est ensuite examinée par une commission dont la directrice de la Maison est membre. Comment ne pas faire le lien entre la pétition et ces non-réadmissions, qui plus est lorsqu’on connaît le caractère vindicatif de Mme Leyloyan ? Une preuve de plus que la direction n’est toujours pas prête au dialogue ni à la remise en question.

Aujourd’hui la situation est telle qu’elle a atteint un point de non-retour. C’est un fantasme de croire que la situation peut être rétablie en proposant des mesures superficielles.

Il n’y a alors que peu d’issues à ce conflit :

  • Soit l’ensemble des étudiants signataires quittent la Maison (42 résidents)
  • Soit la direction change.

La décision la plus sage doit être adoptée de toute urgence… Il en va du bien-être de cette institution.

 

Hampig Osipian