Avec un autre camarade de la F.R.A. Nor Seround, sommes allés au Liban pour participer au Congrès dédié au 50ème anniversaire de la création du L.E.M. (Lipanani Yeridasartagan Mioutioun) en juillet dernier. Lors de ce Congrès, nous avons également commémoré le 40ème anniversaire de l’exploit des cinq de Lisbonne, Dieux de la vengeance.
Avant de nous rendre au Liban, nous avons beaucoup hésité. Dans cette situation instable en Arménie et en Artsakh, était-il opportun de quitter la France, notre terrain de militantisme ?
Mettant de côté toutes nos inquiétudes, nous avons décidé de nous rendre au Liban, non seulement en tant qu’anciens membres de la F.R.A. L.E.M., mais aussi en tant que jeunes qui s’inquiètent de la situation dans laquelle se trouve l’Artsakh et ont la conviction que la jeunesse peut lutter contre ce génocide qui y est en cours.
J’ai grandi au Liban et les cinq jeunes de Lisbonne ont joué un grand rôle dans ma formation.
La F.R.A. L.E.M. est l’école des miracles. Le succès de sa mission est du à ce qui suit : beaucoup de sueur et de sacrifice, beaucoup de sang et de souffrance, beaucoup de larmes, de souvenirs et d’amour.
Les cinq jeunes de Lisbonne étaient des élèves du L.E.M. et se tenir devant leur tombe provoquait en nous un réel sentiment de responsabilité. Avec leurs exploits, ils ont brisé les murs de l’indifférence et du silence. Et aujourd’hui, chacun de nous, consciemment ou inconsciemment, reconstruit ces murs pierre par pierre, à causes de nos pratiques instinctives et égocentriques, individuelles comme collectives, creusant plus profondément le fossé qui nous sépare de l’Ararat.
Que nous reste-t-il aujourd’hui ? Qu’est-il arrivé à l’Artsakh ? Comment respirons-nous quand Chouchi n’y est plus ? Dans quelle mesure avons-nous pu intégrer les valeurs des cinq de Lisbonne au sein de la diaspora ?
Que faisons-nous alors que 120 000 personnes sont au bord de la famine ? Nous n’aurions évidemment qu’un sentiment de honte suffocant à exprimer aux cinq de Lisbonne.
Que pourions-nous dire à Viken Zakarian ? Que nous n’avons plus Chouchi aujourd’hui ? Que le fameux « Ani a été vendu » est devenu « Chouchi a été vendue » ? Que l’église Ghazanchetsots pourrait être transformée en mosquée dans quelques mois ?
Que dirions-nous à Mher Tsulhajian ? Qu’il n’y a plus d’unité militaire à Marduni, lieu de son martyr ? Que les routes principales de Marduni sont désormais à portée de l’ennemi ?
Il y a beaucoup de questions auxquelles nous ne pouvons pas répondre.
« Est un héros celui pour qui la vie est vécue non comme une fin, mais comme un moyen de servir ou de se sacrifier pour quelque chose de sacré. Gagnant et celui qui est assez fort pour lutter contre l’esprit en lui ».
C’est ainsi que Karekin Nejteh décrit le héros. Et il semble décrire Simon, Vache, Ara, Setrak et Sako.
Aujourd’hui, alors que le monde et le gouvernement arménien tentent de nous convaincre que nous sommes une nation rampante et faible, et que ce n’est qu’ainsi que nous pourrons survivre en tant qu’Arméniens, en tant qu’Arménie, nous devons et nous nous souviendrons de la bravoure, du courage, et du sacrifice des cinq de Lisbonne. Si nous trouvons dans notre cœur, notre esprit et notre conscience, ne serait-ce qu’une once de l’esprit des cinq jeunes de Lisbonne, nous serons sauvés.
Lors du Congrès organisé par le L.E.M., nous avons également visité Anjar. Nous nous sommes promenés dans les rues rénovées en l’honneur de Sarkis Zeytlian, où nous avons vu les bâtiments et les statues lui rendant hommage. Nous nous sommes également rendus sur la tombe de Bedig Injenian, le premier martyr de la lutte armée, qui est mort dans notre agoump parisien. C’était un moment symbolique.
Au cours du Congrès, toutes les questions et défis mentionnés ci-dessus ont été discutés. Le constat est unanime : une seule sortie – croyons et restons fidèle à l’héritage des cinq de Lisbonne, adoptons-le comme règle. Modernisons et rendons public l’héritage de Lisbonne, et revenons en même temps à l’arme, à la valeur du sacrifice, aux discours de Zeytlian et aux livres de Nejteh.
Il est évident qu’il y a un besoin vital d’éveil moderne. Nous, la jeunesse de la F.R.A., prendrons le flambeau allumé par les étincelles des cinq de Lisbonne, le maintiendrons allumé, éclairerons avec sa lumière le peuple, brûlerons l’ennemi avec son feu et libérerons à nouveau Chouchi. Pour atteindre notre objectif, si besoin, nous dérangerons les organisations internationales et gouvernements indifférents. Débarrassons-nous de toutes sortes de complications : arrêtons d’être un simple caillou dans leur souliers, devenons une épine dans leurs yeux.
Njteh Karakavorian


