Ce jeudi 17 février, l’un des huitièmes de finale de l’Europa League Conférence opposera l’Olympique de Marseille au club azéri Qarabag FK.
S’il paraît anodin sur le papier, ce match aura pourtant une saveur particulière pour la communauté arménienne de Marseille et de France. En effet, ce club azéri est en réalité un outil de propagande à la solde du gouvernement d’Ilham Aliyev. Explications.
Les amateurs de football savent déjà que cette saison de football a vu naître une petite nouvelle, l’Europa Conférence League, troisième coupe d’Europe. L’Olympique de Marseille ayant terminé troisième de son groupe d’Europa League a été automatiquement repêché dans la troisième coupe d’Europe, disputant ce jeudi un barrage contre les Azéris du FK Qarabag. Un match un peu spécial pour tous les Marseillais d’origine arménienne, qui réouvre les plaies pansées mais non encore fermées de la dernière guerre, imposée par l’Azerbaïdjan à l’Arménie, en Artsakh. Rappelons que cette guerre a fait près de 5000 morts arméniens, dont une grande majorité de jeunes, et plusieurs milliers de blessés graves. Mais quel rapport avec ce simple match de football ?
Vous l’aurez remarqué, le nom de cette équipe azérie ne vous est pas inconnu : le « FK Qarabag ». Ce club, initialement installé dans la ville d’Agdam, est aujourd’hui basé à Bakou, la capitale azérie. Plus aucun lien avec le Haut-Karabakh visiblement. Pourtant, quand on fouille un peu, on réalise que ce club s’est voulu jouer un rôle pendant la dernière guerre d’Artsakh.
L’année passée, l’un des dirigeants du club, Nurlan Ibrahimov, avait appelé sur son compte Twitter au meurtre de « milliers d’Arméniens ». Les instances du football arménien avaient immédiatement réagi, demandant des sanctions à l’instance du football européen. Chose faite puisque Nurlan Ibrahimov s’est vu interdire à vie l’exercice de toute activité liée au football. Des propos qui rappellent cependant ceux tenus par Ilham Aliyev qui avait appelé à « chasser ces chiens d’Arméniens ».
Mais ce n’est pas tout : de nombreuses sources nous apprennent qu’au début des années 2000, alors que le club est en proie à d’énormes soucis financiers, c’est le président de l’époque Heydar Aliyev qui l’a sauvé de la faillite. Son fils et successeur Ilham Aliyev a ensuite repris le flambeau en soutenant activement le club.
« Heydar Aliyev, puis son fils Ilham Aliyev, au pouvoir en Azerbaïdjan depuis la chute de l’Union Soviétique, n’ont jamais hésité à afficher leur soutien au club. Car celui-ci porte en lui un discours intrinsèquement favorable aux Azéris. » explique l’auteur de l’article « FK Qarabag : fenêtre sur l’histoire (et le présent) du conflit du Haut-Karabakh », paru sur France TV Info le 22 octobre 2020 (lien en bas de page).
En octobre 2020, pendant la guerre d’Artsakh, le championnat azéri interrompu, le club s’est vu proposer l’hospitalité de l’Istanbul Basaksehir. club connu pour être un soutien du président Recep Tayip Erdogan …
« Nous serons honorés d’accueillir ici nos chers frères d’Azerbaïdjan et du Karabagh », a ainsi déclaré le dirigeant d’Istanbul Basaksehir, parent par alliance d’Erdogan et ancien membre de son parti politique l’AKP.
L’Istanbul Basaksehir a donc accueilli le FK Qarabag dans son stade, avec une banderole « Deux états, une nation », symbolisant la fraternité turco-azérie : cette formule a d’ailleurs été énoncée publiquement par Aliyev et Erdogan pendant et après la guerre.
« Les joueurs de Qarabag ont même voulu aller plus loin et abandonner leur maillot de foot pour celui de militaire. Face à cette proposition collective des joueurs, l’armée aurait répondu, dans une formule reprise depuis à l’envi et participant grandement au mythe du club en Azerbaïdjan : « Je peux facilement trouver onze soldats, mais onze joueurs, je ne le peux pas. »
Aujourd’hui, le club est une véritable vitrine de la cause des Azéris réclamant leur retour en Haut-Karabagh. « Le club est la meilleure manière d’apprendre au monde l’histoire du Karabakh » professe Elvin Ibrahimov, un ultra du club, au Monde. D’après le quotidien, les 200 membres actifs du groupe Imarat (du nom du stade d’Agdam) revendiquent le slogan « Aujourd’hui ultras, demain soldats ». Ils s’affirmeraient prêts « à prendre à tout moment les armes pour ‘reprendre leur terre’ ». » peut-on lire dans un article France TV Info (lien en bas de page).
Plus récemment, en décembre dernier, en marge d’un match de coupe d’Europe opposant Bâle au FK Qarabag en Suisse, l’opposant au régime Mahammad Mirzali, exilé en Europe depuis plusieurs années, a été agressé et roué de coups. Si la préfecture a annoncé en ce début de semaine la fermeture du parcage visiteurs, nul doute que des centaines voire des milliers de supporters turcs / azéris viendront au stade ce jeudi. Chaque supporter d’origine arménienne devra redoubler de vigilance.
Pour Azad Balalas Kazandjian, conseiller départemental et co-président du CCAF Sud, les intentions de l’Azerbaïdjan sont claires : « A la manière du régime nazi en 1936, l’Azerbaïdjan se sert du sport comme d’une vitrine pour s’acheter une respectabilité et siéger à la table des grandes nations. Le grand prix de formule 1, l’Euro de football et l’investissement massif dans le football ne doivent faire oublier la dictature de ce régime où le père puis le fils Aliyev règnent depuis plus de 30 ans.
Que se serait-il passé si un joueur de l’OM était arménien ? Aurait-il eu le droit d’aller jouer en Azerbaïdjan ou tout comme Henrik Mkhitaryan il y a quelques années, il se serait vu interdire de déplacement sur le territoire azéri ? Et surtout, comment aurait réagi l’OM ? »
Ce rendez-vous, vous l’aurez compris, n’est pas un simple match de football, mais un combat pour la vérité et pour la justice. Ce club est bien plus qu’une équipe de sport, c’est un outil de propagande du régime raciste anti-arménien du dictateur Ilham Aliyev.
Alors ce jeudi, tous au stade Vélodrome avec vos drapeaux de l’Arménie et de l’Artsakh, pour contrer ce mensonge qu’est le « FK Qarabag ». Nous devons bien ça à tous les soldats arméniens qui ont protégé leurs terres, nos terres, au péril de leur vie. Ne laissons personne cracher sur leur mémoire, sur leur honneur !
Sacha