Projet Yerguir 2016 : La jeunesse plus que jamais au cœur des préoccupations

13729088_834140600020656_678528443070108528_n

Depuis la libération des territoires du Haut-Karabagh en 1994, la FRA Nor Seround participe à des actions d’ordre social sur place. Le projet Yerguir en est le plus bel exemple. Ce projet humanitaire annuel est basé à Stepanakert. L’édition 2016 démarre lundi prochain. Comme chaque année, le Nor Seround donne la priorité à la jeunesse du Karabagh, dont l’avenir est malheureusement préoccupant.

Comme si la guerre des années 90 et les violations régulières du cessez-le-feu de l’Azerbaïdjan ne suffisaient pas, la population du Haut-Karabagh a subi une nouvelle guerre atroce de 4 jours début avril. C’est une nouvelle atteinte à la liberté d’un peuple qui ne demande qu’à vivre en paix. Chose difficile à réaliser dans ces conditions, notamment à cause de l’isolement territorial qui handicape lourdement le développement du pays. Cet enclavement rompt presque tous les liens avec le monde extérieur. La ville la plus proche (Erevan) est à sept heures de voiture, un barrage considérable pour les jeunes étudiants qui entendent exercer des activités dans leurs domaines. Les opportunités de travail étant rares, la jeunesse tend à quitter le pays. Une chose est sûre, la guerre se ressent encore. Pire, elle peut éclater de nouveau à tout moment. Depuis le soi-disant accord de cessez-le-feu, un nombre incalculable de jeunes soldats arméniens ont été victimes des offensives azéries. Souvent, certains ont mis leur vie d’étudiants entre parenthèse pour effectuer le service militaire obligatoire de 2 ans. Les épreuves et les difficultés qui se dressent devant eux sont nombreuses, mais malgré tout le jeune Artsakhtsi n’est pas de nature à démissionner, il lutte pour sa survie, celle de sa famille et de son pays. Et c’est ici que la diaspora arménienne a son rôle à jouer en soutenant la création d’emplois et les opportunités de travail.

Au Nor Seround, nous avons pris la mesure de l’urgence de la situation et nous avons décidé d’agir, certes avec nos moyens, mais d’agir quand même. Et c’est avec notre projet humanitaire Yerguir que nous avons décidé d’intervenir. C’est en 2001 que le Nor Seround s’est engagé pour le développement d’Artsakh et a ouvert le premier centre de jeunesse à Stepanakert équipé d’Internet. L’objectif premier du projet est de venir en aide à la population et en particulier à sa jeunesse en lui permettant par exemple de se réunir dans des centres qui lui sont pleinement dédiés. C’est dans cette optique que le Nor Seround a rénové et équipé quatre centres de jeunesses, à Bertzor, Mardouni, Chouchi et Stepanakert en 2009.

Depuis 2013, la grande nouveauté du projet est la mise en place d’un centre de loisirs pour les enfants et les adolescents de la capitale. Afin de créer un réel engouement, il était primordial de garder un contact humain avec la population. Via le projet Yerguir, l’accent a été mis sur l’importance des rencontres entre Arméniens de diaspora et Arméniens vivant en Artsakh. Le contact quotidien que nos membres ont avec les enfants et les jeunes d’Artsakh, s’inscrit dans cette logique. Dans quelques jours, une dizaine de membres du Nor Seround retourneront sur place. Du 8 au 19 août 2016, ils auront à leur disposition les locaux de l’école numéro 5 de Stepanakert pour y réunir plus de 150 enfants. Au programme : jeux, sport, activités manuelles, danses, chants, théâtre, compétitions sportives et des exposés traitant de sujets d’ordre général, éducatifs ou sur la diaspora. Le projet Yerguir est surtout l’occasion d’aborder avec les adolescents des sujets tels que la lutte contre la corruption, les élections démocratiques, les droits de l’Homme, l’égalité homme-femme, la sensibilisation sur les droits civiques, les cours de français, l’importance de l’utilisation d’Internet dans un pays isolé comme le Karabagh, les premiers secours, l’écologie, la protection de la nature…

On oublie souvent que ces enfants sont privés de leurs droits d’enfance fondamentaux, à savoir de grandir dans une situation de paix et de calme. On oublie aussi qu’ils n’ont jamais goûté aux joies des vacances, au contraire ils sont exposés aux tirs azéris en jouant dans la cour de leur école. Ces deux semaines vont leurs permettre de passer des moments inoubliables et de leur rendre le sourire.

Avec ce projet, le Nor Seround contribue aussi à la formation des adultes de demain. Cette jeunesse le mérite, car elle a toujours été le premier rempart dans la défense non seulement de l’Artsakh mais aussi de l’Arménie. Les adolescents qui avaient 15 ans au Jampar 2013* sont aujourd’hui au front, et se battent pour que les plus jeunes puissent vivre une enfance quasi-normale. Nous espérons que les enfants de 15 ans que nous rencontrerons cette année effectueront dans quelques années un service militaire au sein d’une république du Haut-Karabagh indépendante, reconnue, et en paix.

*Projet Yerguir 2013

Կորիւն Շանթ