Lettre ouverte à l’AFP

« Séparatistes » arméniens d’Artsakh : STOP À LA DÉSINFORMATION

Le 27 Septembre 2020, l’Azerbaïdjan avec le soutien criminel de la Turquie déclenche des hostilités d’une ampleur sans précédent sur toute la ligne de front de l’Artsakh (autrement appelé Haut-Karabakh). L’Agence France Presse traite l’information en qualifiant de « séparatiste » la population arménienne d’Artsakh. Les différents médias français relaient les évènements qui agitent la région en reprenant ce terme sans recherches ni contextualisation. Ils vont encore plus loin en qualifiant de « sécession » la proclamation d’indépendance de la République d’Arstakh en toute légalité en 1991.

Au regard de la complexité historique et géopolitique caractéristique de cette enclave, la communauté arménienne de France a d’abord fait preuve de patience envers l’AFP et l’ensemble du corps journalistique français, espérant des rectifications futures. Un espoir déçu, puisque vous continuez à utiliser le terme historiquement et juridiquement erroné de « séparatiste ».

Nous faisons donc la démarche de vous apporter les précisions historiques qui vous font défaut et dont l’absence entretient la mauvaise appréhension du sujet par vous-mêmes et vos lecteurs.

Au IIe siècle avant J.-C., la présence arménienne est déjà avérée en Artsakh, région qui constituait alors la dixième province du Royaume d’Arménie. Au Moyen-âge, les nombreuses églises et monastères (V-XIIème siècles) témoignent toujours de la présence arménienne dans la région. 

En 1921, lors de la soviétisation de la Transcaucasie, Staline attribue arbitrairement le Haut-Karabakh à l’Azerbaïdjan alors que la région est peuplée à 95% d’Arméniens. Dès lors, la population de l’Artsakh est victime d’une politique systématique de discrimination ethnique émanant d’une volonté d’épuration visant à sa disparition progressive (1989 : pogroms de Sumgaït, Kirovabad et Bakou). 

En 1991, face à cette haine anti-arménienne, le peuple d’Artsakh proclame son indépendance dans le cadre juridico-politique instauré par la perestroïka. Le processus d’indépendance s’est déroulé dans le respect du droit interne et du droit international. 

Aujourd’hui, la République d’Artsakh réunit toutes les caractéristiques juridiques d’un État mais pâtit politiquement d’une absence de reconnaissance internationale. La République d’Artsakh est un territoire avec des représentants élus au suffrage universel, une population permanente qui, en date du 1er janvier 2016 est de 151 000 habitants ; une Constitution adoptée par voie de référendum en 2006, des institutions exécutive, législative et judiciaire séparées ; une armée lui permettant d’assurer la sécurité de son territoire et de sa population, sans compter des symboles étatiques comme un drapeau, des armoiries et un hymne.

En qualifiant la population autochtone d’Artsakh de « séparatistes », vous soutenez le dictateur Aliyev pour qui le principe de l’intégrité territoriale prévaut sur le droit des peuples à l’autodétermination, alors que le premier découle du second.

Qualifier les Arméniens d’Artsakh de « séparatistes », c’est prétendre que l’Artsakh fait encore partie de l’Azerbaïdjan. Or, d’un point de vue historique cela revient à considérer que l’Union soviétique existe toujours et que l’Azerbaïdjan en fait partie. Une absurdité sans nom !

La communauté arménienne de France exige de l’AFP et de l’ensemble du corps journalistique français et francophone la rectification immédiate des termes de « séparatiste » et « sécessionnaire ». L’Artsakh est une République indépendante auto-proclamée. Son peuple est indépendantiste.  

Nous réclamons une grande vigilance quant au relai et l’analyse des évènements.

Nous attendons un travail de meilleure qualité de nos journalistes qui ont toutes les capacités – et nous espérons, la volonté – pour relayer la vérité sur la situation en Artsakh.

Vous forgez l’opinion publique,ne rendez pas les Français complices de la propagande turco-azérie !