Municipales à Arnouville : le RN sème la discorde

Pour les prochaines élections municipales du 15 et 22 Mars 2020, trois listes se sont constituées à Arnouville. Une première liste sans étiquette est menée par un conseiller de l’opposition actuelle, Nouredine Maatoug. Une liste de divers droite menée par le maire sortant, Pascal Doll, sera aussi soumise au vote. Ce dernier a notamment soutenu la communauté arménienne en signant une charte d’amitié avec le village de Shekher en Artsakh au cours de son mandat. Enfin, pour la première fois, une liste Rassemblement National (RN), menée par David Diril fait son apparition. 

Ces derniers jours, plusieurs des colistiers de ce dernier se sont manifestés pour contester leur présence sur sa liste. Cinq plaintes pour abus de faiblesse ont été déposée à l’encontre de ce dernier. En effet, le candidat issu de la communauté assyro-chaldéenne (c’est un ancien membre du conseil économique d’une paroisse), ou un de ses proches, se seraient rapprochés d’eux quelques jours avant le délai légal de soumission des listes, en sollicitant leur solidarité chaldéenne pour une pétition pour améliorer Arnouville, sans jamais évoquer le Rassemblement national. Certains de ces contestataires seraient d’origine arménienne ou des chaldéens proches de la communauté arménienne d’Arnouville.

Pour sa défense, Monsieur Diril insiste sur le fait que chacun de ses colistiers a signé en âme et conscience. Il affirme ne jamais avoir caché son appartenance au RN, notamment par les affiches avec son visage qui jonchent la ville. 

S’ajoute à cela le fait qu’il n’est encarté au RN que depuis un an. Il habiterait Arnouville depuis Juin dernier, où il logerait chez son cousin, en faisant des allers retours en Yvelines tous les jours. Par ailleurs on retrouve sur sa liste pas moins de 4 autres membres de sa famille, « éloignée » dit-il. Il va jusqu’à accuser la majorité actuelle d’avoir mis en place ce « coup bas ». 

La liste ayant été validée en préfecture, les recours devant le tribunal administratif devront attendre la fin du scrutin. 

Depuis 2018, la politique de dédiabolisation du parti d’extrême droite bat son plein. Changement de nom, mise à l’écart des visages trop identifiables au parti comme Jean-Marie Le Pen, tout cela pour moderniser le parti et réussir à créer des alliances pour gagner plus de terrain en France à travers les diverses élections. Malgré ces changements d’apparences, le fondement reste le même : une politique nationaliste, nataliste, et xénophobe. Tout comme le Front National, le Rassemblement National lui aussi avançait caché au niveau local. 

Nous, français d’origine arménienne, descendants d’apatrides réfugiés en France grâce au droit du sol et à la politique migratoire, nous nous devons défendre ces droits. Une chance a été donnée à nos ancêtres, pourquoi d’autres n’y auraient-ils pas le droit à leur tour ? 

N’oublions pas que c’est une politique nationaliste et xénophobe qui a mené au premier génocide du XXe siècle sont nous avons été victime. N’oublions pas qu’aucun député FN n’a voté pour la pénalisation du génocide arménien en France en 2016. N’ayons pas la mémoire courte. 

Le combat face à la logique identitaire du RN doit être sans concession y compris au sein des français d’origine arménienne. Il y a tant d’autres candidats à soutenir pour leur action en faveur de La Cause Arménienne. Il en va de notre devoir de citoyen.

Lori Mardirossian