Anahide Ter Minassian : une femme d’exception, un modèle inspirant pour toutes les générations

Anahide Ter Minassian, historienne de renom, femme d’exception, nous a quittés le 10 février dernier. Sans un bruit, sans s’y attendre, la communauté arménienne militante s’est réveillée avec le poids d’une absence nouvelle et la tristesse d’avoir perdu un membre de sa famille. En cette journée internationale des droits des femmes, Haïastan a souhaité rendre hommage à celle qui continuera à marquer plusieurs générations d’Arméniens.

Une tâche difficile s’il en est d’écrire un article en hommage à une femme qui a représenté tant pour tant de monde. En 89 ans, Anahide Ter Minassian a été une fille, une femme, une mère, à l’image de millions d’autres femmes ; une Arménienne de France, comme des milliers d’autres ; une militante de la Cause arménienne, comme des dizaines d’autres ; une historienne de l’histoire arménienne, comme il y en a peu ; une voix et une présence, un être humain comme nul autre. C’est parce qu’elle a été tout cela à la fois, qu’Anahide Ter Minassian est unique, et qu’elle nous inspire et nous engage intimement.

Femme de caractère, intellectuelle brillante, puit de connaissances : ses ouvrages sur la première République d’Arménie éclose en 1918 et sur l’Histoire moderne de l’Arménie sont incontournables. Pour n’en citer que deux : La Question arménienne, paru en 1983, ou La République d’Arménie (1918-1920) publié en 1989. 

Historienne passionnée et militante engagée, elle n’a de cesse d’apprendre, de faire vivre et de transmettre l’Histoire de l’Arménie et la culture arménienne à toutes les étapes de sa vie. Issue d’une famille de dirigeants dachnaktsakan, elle fréquente enfant les colonies de la Croix Bleue des Arméniens de France, à laquelle elle portera toujours un vif attachement. Militante de la Cause arménienne, d’abord au Nor Seround (dont elle intègre d’ailleurs l’organe Haïastan) puis au sein de la FRA, elle est à la fois actrice et témoin de l’histoire de la diaspora en France. 

Mémoire des Arméniens, elle est aussi une voie et une voix de transmission qu’aucun de ses auditeurs ne se lasse d’écouter. En conférence ou lors d’une table-ronde, sur les ondes d’AYP-Fm ou de France Culture, sa voix de conteuse nous transporte, entrant par ce média dans les maisons et dans les cœurs. Sa culture et son exigence inspirent le respect. Son dynamisme et la vie qu’elle insuffle à ses paroles, l’admiration. Sans compter le sourire qu’elle ne manque pas de provoquer lorsque le timing imposé à l’antenne ou lors d’une conférence devant des institutionnels ne saurait l’empêcher de mener à terme sa réflexion… avec brio et sens de l’à-propos.

Une personne ayant connu Anahide Ter Minassian directement pourrait certainement ajouter à cet article une multitude d’anecdotes. Un auditeur, quel qu’il soit, sera à même de raconter au moins une émission, une histoire, l’ayant tout particulièrement marqué. Au-delà de l’hommage qu’a souhaité rendre le journal Haïastan, ce qui importe c’est ce que peut inspirer à chacun d’entre nous la vie d’Anahide Ter Minassian : en tant qu’être humain, en tant qu’intellectuelle, en tant que militante de la Cause arménienne.

Que la terre vous soit légère, Mme Ter Minassian. Et puisque la lumière d’une étoile continue de briller même après que celle-ci soit éteinte, il ne reste plus qu’à chacun d’entre nous, jeunes et moins jeunes, d’en éclairer notre vie, en attendant qu’une future Anahide, ou un futur militant, prenne la relève. 

Méliné Matossian